Note d'intention
Encore une fois, je m’attaque à la psychologie humaine. C’est un terme toutefois bien scientifique pour qualifier mon travail. Je m’attarde plus sur les sentiments humains, source de dramaturgie dans une vie trop rangée et ennuyeuse.
Ici, c’est l’histoire douloureuse de l’entourage d’un suicidé juste après l’acte. Effectivement, nous suivons une mère de famille à jamais bouleversée et déchirée par la mort prématurée d’un jeune.
Cette histoire me touche de bien plus près que je ne veux l’admettre. Car j’ai moi-même essayé de mettre fin à mes jours. Acte de détresse plus que de fin, de désespoir plus que de fuite. Besoin de dire aux gens que je suis mal, besoin d’aide pour gérer mes relations, mes amis et mes amours.
J’ai côtoyé dans ma vie des dépressifs. Tantôt bipolaire, tantôt, tout comme moi, en mal d’amour, mais souvent avec une vie atypique. Quand on sort du moule, quand la vie « civile » nous rejette, comment arriver à trouver sa place ?
Les sentiments qui m’animent à réaliser ce film sont tellement nombreux. Mes amis, mon travail, cette sensation de toujours avoir à donner sans trouver où. L’envie d’exposer au monde des idées noires, mais en voulant rester sur une note d’espoir.
Je veux montrer aussi comment la brutalité d’un tel acte peut affecter et être interprétée par l’entourage adulte du suicidé. Car ici, le personnage de Suzanne se heurte au déni systématique face à la vérité, à la froideur et la fierté balbutiante de ces adultes qui vient à voler en éclat.
Comme pour « Les lèvres closes », je ne veux pas faire un film réactionnaire. Je sais ce qu’est d’être mal, être mal à attenter à ses jours. Ce film n’est qu’un témoignage, un témoignage de douleur, de famille déchirée, dans une zup grise et actuelle. Une enquête pour savoir « Pourquoi ? », mais sans trouver de réponse. Une pudeur poétique filmée.
. William